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Nicolas Bria

Millésime 2022 - Un millésime psychologique

Je ne vous apprends rien, il a fait chaud ou plus exactement, il a manqué d’eau… Un hiver, un printemps sec, et des pluies qui se faisaient attendre.

Les vignerons étaient à deux doigts de faire la danse de la pluie, même ceux qui chantaient faux n’ont pas réussi à déclencher une averse.

Néanmoins, certains coins de la Vallée du Rhône ont bénéficié de quelques pluies en juillet, ce qui a permis de tenir jusqu’à celles d’août, enfin, pour celles et ceux qui les ont eu…


Le scénario

Châteauneuf-du-Pape

La floraison était parfaite, pas de grosses pressions cryptogamiques, pas ou peu de gel, les grappes étaient en nombre, tout était beau et on parlait (avec prudence) de millésime du siècle… Et puis l’été arriva, les températures montaient jusqu’à 40° et la pluie se faisait toujours attendre… Encore et encore. Et c’est là qu’il fallait avoir les nerfs solides. Parce que quand la vigne a soif, moins elle est chargée en raisins, mieux elle peut développer ses baies. Alors que faire ? En enlever ou pas ? Si les crus sont sur des rendements plus faibles, en revanche pour les côtes du Rhône et les Igp, la question se posait sérieusement. De plus, la nécessité de travailler les sols pour les aérer était plus que nécessaire, et ceux qui n’ont pas cette habitude, n’ont pas eu ce réflexe pour autant.


Autre paramètre à prendre en compte : La luminosité. Habituellement, on pratique l’écimage, afin d’exposer les grappes au soleil pour favoriser la maturité. Pour cette année, il fallait laisser du feuillage afin de protéger les raisins, au moins jusqu’en septembre. Malheureusement, pour les jeunes vignes, il n’y a rien à faire et elles ont donc globalement souffert. Ce qui explique aussi, certaines vendanges précoces…


Un millésime psychologique

Alors quand début août, le ciel ne grondait toujours pas, une légère panique se fit sentir et on lança le coup d’envoi des vendanges. Pour d’autres, il était urgent d’attendre… Dans l’ensemble, il n’y a pas eu trop de blocage de maturité, mais plutôt des ralentissements. Bonne nouvelle : les arrêts de sève, cet été, ont aussi permis aux alcools de ne pas s’envoler… Ce qui devrait donc donner des degrés raisonnables… Et la pluie tomba

Séguret

C’était aux alentours du 17 août. Enfin ! Les pluies ont permis de relancer la machine, les raisins se sont un peu regonflés et ont terminé tranquillement leur maturité, la vigne respirait un peu…


À noter 1/ Le Ventoux et Luberon n’ont pas eu ses fameuses pluies de la mi-août. Elles sont venues plus tard, mais la vigne n’a visiblement pas plus souffert que les autres… Cela peut s’expliquer par l’influence de leurs montagnes respectives, qui leur confèrent des nuits plus douces. 2/ Condrieu, Lirac et Châteauneuf-du-Pape, on subit, en partie la grêle durant l’été, ce qui les a obligé à rentrer les raisins plus tôt… Et tout ça, ça donne quoi ?

Il est très difficile de dresser un portrait de ce 2022, car c’est avant tout un millésime de Vigneron. Le résultat, sera très différent d’une appellation à l’autre, voir un d’un domaine à l’autre. Il s’est joué sur le savoir-faire, sur la prise de décisions, mais aussi sur le côté psychologique, sur la capacité des vignerons à garder leur sang-froid face à une pluie qui ne venait pas.


Quelques jours après les vendanges, j’ai entendu d’un côté : « C’est joli, mais les grains sont petits ». Ce qui laissait présager une quantité relativement faible (beaucoup mieux que 2021 et son gel), mais une qualité qui était venue au rendez-vous. Puis le temps des vinifications passant, les sourires s’affichaient nombreux, quand le sourire de certains se faisait plus fatigué…. Le travail en cave était rude. Pour d’autres, ils n’ont jamais trop paniqué. Comme Helen Durand (Rasteau) pour qui le résultat « dépendra des terroirs, de la méthode culturale, et des prises de décisions ». Pour lui, 2022 « sera concentré ». Pour Bruno Boisson (Cairanne), « la vigne ne marquait pas un état de sécheresse avancé ». Elle était donc résiliente. Comme beaucoup, il s’attendait à avoir « un millésime marqué par la sécheresse, comme 2003 », mais finalement « cela ressemble plus à 2020. De la qualité et sans excès »

Au Chateau Beaubois, de Fanny Boyer (Costières de Nîmes), on a vendangé plus tôt, mais cela fait plusieurs années que c’est le cas, donc « on sait gérer la précocité ». Au final, ce sera un beau millésime, « mieux que de 2017, avec de la complexité et de la concentration ». Petite nuance, sur le potentiel de garde : « La luminosité et la chaleur peuvent avoir un impact sur la longévité des vins ». Mais c’est une fois en bouteille que l’on saura…


Après avoir dégusté quelques cuves… Dans les dégustations, il y a un effet avant / après les pluies, très marqué, surtout sur les rouges. Avant les pluies, vous avez une aromatique très mûre, voir confiturée, des tannins un peu plus structurants.

Après les pluies, le fruit se fait plus frais et plus gourmand. Pour les blancs, peut-être un peu de manque d’acidité, ça reste quand même équilibré.


Voilà ce que je peux vous dire. 2022 est un millésime chaud avec des pluies tardives mais salvatrices. Il y aura clairement deux profils : Celui d’avant les pluies et celui d'après.

Dans l’ensemble, ça reste qualitatif et s’avère d’être très prometteur. Si ce millésime a l’air d’avoir plus éprouvé les vignerons que la vigne, pour nous amateurs, ce sera un millésime d’exploration, avec des profils différents et des nuances. Les excellents terroirs et les excellents vignerons feront d'excellents vins… et pour les connaître, il n’y a plus qu’à attendre…



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