Quand je visite un domaine, je ne sais jamais vraiment, le temps que je vais y passer… Je ne sais pas non plus, sur qui je vais tomber… (à dire vrai, eux non plus 😅). Pour les domaines que je découvre pour la première fois, je me renseigne très peu... je ne vais pas sur leur site internet, leurs réseaux sociaux et je ne me renseigne pas sur leurs vins… Je ne veux, à aucun moment, être influencé par quoi que soit. Je veux découvrir sans préjugés, être neuf.
J’accepte ce qu’ils voudront bien me raconter, me faire voir, me faire déguster. Des fois, peu de choses, parfois, tout. Je ne sais pas si c’est une bonne méthode, mais ça me permet d’accueillir le moment présent, d’être surpris, jamais déçu… Au pire, je suis toujours reconnaissant du temps que l’on m’a accordé. En tout cas, je vous raconte sur ce blog, ce qu’ils voudront bien me dire.
Et ce fût avec la même approche que j’ai rencontré Frédéric…
Ce qu’il m’a dit…
Frédéric Julien est le vigneron du domaine Gramiller, situé à Rasteau. C’est aux grands-parents de sa femme, qu’appartenait une partie du vignoble.
Lui, Frédéric a un "DUT" de mesure physique et c’est en ratant son "Capes", qu’il quitta Marseille pour venir travailler à Rasteau en 2002. Il apprend le métier, et se découvre une passion. Le raisin est, à ce moment-là, envoyé à la cave coop de Rasteau.
En 2007, il se convertit en bio et tentera même la biodynamie. Convaincu que cette pratique est bénéfique pour les sols et les vignes, mais « le côté ésotérique » ne le rend pas à l’aise avec le sujet, alors il s’en tiendra au bio.
Élevé à l’homéopathie, il ne se voyait pas faire autrement pour son vignoble. Le respect de la nature est au-delà de la conviction, c’est un réflexe naturel. Être précis dans ses pratiques, « à l’écoute de ce qu’elle nous dit », c’est pour lui un art de vivre.
Bien que le domaine Gramiller ne verra le jour qu’en 2017, Frédéric n’avait pas attendu pour faire son propre vin. Des micro-cuvées, faites dans un coin… Il teste, il essaye et a une idée de ce qu’il veut faire… Des vins élégants, sur la souplesse et la fraîcheur.
Rasteau étant connu pour être un terroir qui produit des vins structurés et généreux. Une nouvelle génération de vignerons (et généralement dans la vallée du Rhône sud) veut ramener du fruité, de la fraîcheur dans ce cru.Tout comme Elodie Balme ou Mickaël Boutin, Frédéric Julien en fait partit.
Pour contribuer à cette évolution, Frédéric utilise le premier, et presque, le seul levier qu’il veut avoir en sa possession : La maîtrise des températures. C’est pour lui la clef.
Pour le reste, aucun intrant ou presque, dans sa cave. La dose minimum suffisante de So2 pour stabiliser les vins et aucun dans sa « cuvée nature ».
Ce que j’ai vu…
Un homme entier, qui ne calcule pas. Il fait en fonction de son instinct, ce qui lui semble être juste, à la fois pour la nature et pour les siens. Il a le pas rapide, saute de cuve en cuve et déguste ses vins comme si c’était sa première fois. Tantôt curieux, peut-être même inquiet de ce qui pourrait se trouver dans le verre et de ce que vous allez en penser. Une fois certain qu’il est sur la bonne voie, il repart vous faire déguster autre chose… toujours avec simplicité, générosité... et le sourire. On est forcément séduit et on a envie d’avancer à son rythme.
Pour ma visite, cela se terminera par une invitation à déjeuner, autour d’un plat de pâtes et un bon vin.
La dernière question qui me taraudera est celle de la transmission (certainement une marotte chez moi).
Quand on a une telle énergie, des convictions comme les siennes, comment compte-t-il les faire perdurer ? Et à qui, il les transmettra ? Il ne se pose pas la question. Lui, il agit ici et maintenant et si cela s’arrête avec lui… C’est comme ça. Il aura posé sa pierre.
Merci Frédéric.
Les Vins
Le domaine s’étend sur 12 hectares de vignes, dont 7 en Rasteau.
J’ai donc eu l’occasion de déguster toutes les cuvées de Frédéric Julien.
Voici un tour d’horizon de la plupart d’entre-elles (sa cuvée sans soufre étant victime de son succès, ce sera pour la prochaine fois…)
Les Blancs
Plénitude - 2019 - Côtes-du-Rhône
Cépages : Grenache blanc - Clairette
Vous aimerez : Son joli nez d’abricot, de mandarine, de poivre et de fleurs blanches. En bouche, c’est dense, presque onctueux, fruité et épicé avec une tension qui relève le tout.
Une finale persistante et soyeuse. Une douceur…
Prix : 9,50 euros
Rêve blanc - 2019 - Côtes-du-Rhône
Cépages : Bourboulenc - Roussane
Vous aimerez : La subtilité et la délicatesse de son nez, fruité et minéral. Sa bouche gourmande, dynamique et onctueuse. Des notes citronnées apportent de la fraîcheur. Elles se poursuivent jusqu’en finale. C'est gracieux...
Prix : 12,50 euros
Les rouges
Côtes-du-Rhône - 2019
Cépages : Grenache, Syrah et Carignan
Vous aimerez : La fraîcheur du nez sur des arômes de fraise des bois, de cerise. Son côté mentholé et minéral. Des touches de café, ici ou là.
En bouche, il est juteux, gourmand et fruité. Les tanins sont souples et bien intégrés.
Le Côtes-du-Rhône d’été par excellence !
Prix : 7 euros
Fruits Rouges - Côtes-du-Rhône - 2019
Cépages : Grenache en majorité et Syrah
Vous aimerez : Sa palette de fruits, comme le cassis, fraise, myrtille, cerise et framboise (il porte bien son nom). Les épices, la réglisse aussi, mais également des arômes de pinède qui rehaussent sa fraîcheur.
La bouche est tendue, voir vive. C’est souple et automatiquement intense. Les arômes cités pour le nez apportent ensemble, de l’originalité. Les tanins sont, là aussi, souples. Beaucoup de plaisir à déguster ce vin.
Prix : 7,50 euros
Gramiller - Rasteau - 2019
Cépages : Grenache et Syrah
Vous aimerez : La fraîcheur du nez, son fruité et ses touches mentholées et épicées. En bouche, c’est élégant avec un contraste et un équilibre entre vivacité et densité. Des airs de vin racé font leur apparition, rendant ce Gramiller plus intense.
Les tanins sont nombreux, encore un peu fermes, mais pour un 2019, c’est tout à fait normal.
Un bon cru avec un fort potentiel.
Prix : 11 euros
Les Marcels - Rasteau - 2019
Cépages : Grenache en majorité et Mourvèdre
Vous aimerez : Son coté sauvage sur la myrtille, la fraise des bois, d’herbes de Provence et de poivre.
Une aromatique complexe qui évolue tout au long de la dégustation. En bouche, c’est dynamique, ample, gourmand et très relevé. Le tout est bien structuré avec des tanins fin et présent.
La finale est fruitée, puissante et soyeuse.
Prix : 13,50 euros
Conclusion :
S’il y a des points communs entre toutes les cuvées de Frédéric Julien, c'est bien la fraîcheur, l’intensité aromatique et une souplesse élégante.
Le terroir s’exprime parfaitement et la puissance est maîtrisée.
Je ne peux que vous inciter à tenter l’expérience, vous ne serez pas déçu.
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